Les faits saillants sur le cancer du rein du Symposium 2022 de l’ASCO-GU
Source : International Kidney Cancer Coalition (IKCC)
La réunion annuelle de l’American Society of Clinical Oncology Genitourinary (ASCO GU) s’est tenue en présentiel et en mode virtuel du 2 au 7 juin 2022. Les présentations peuvent être consultées sur le site Web de l’ASCO. L’International Kidney Cancer Coalition (IKCC) a participé au programme scientifique virtuel pour se tenir au courant des dernières avancées en matière de soins et de traitement des personnes atteintes d’un cancer du rein.
Remarque : Le présent résumé a été rédigé par des défenseurs des droits des patients, dans l’intérêt des organisations de patients du monde entier qui se consacrent au domaine du cancer du rein. Bien que ce résumé ait fait l’objet d’une révision par des professionnels médicaux, les renseignements qu’il contient reposent sur des données publiques partagées lors de cette réunion et n’entendent aucunement être exhaustifs, ni ne constituent des conseils médicaux. Chaque patient doit parler à son médecin des soins et des traitements qui lui sont appropriés.
Le traitement adjuvant peut-il aider les personnes atteintes d’un cancer du rein à risque élevé?
Un traitement adjuvant est un médicament administré quelques semaines après une intervention chirurgicale pour tenter de prévenir ou de retarder le retour du cancer. Il peut être utilisé pour tuer les cellules cancéreuses microscopiques restantes qui sont impossibles à détecter sur les examens d’imagerie, ou encore pour contrôler la croissance de tout cancer restant.
La néphrectomie constitue le traitement de référence pour le cancer du rein localisé; cependant, il arrive que le cancer revienne après l’intervention chirurgicale (récidive). Un traitement adjuvant aiderait à prévenir la récidive de la maladie après la néphrectomie chez les patients atteints d’un cancer du rein localisé à risque élevé. Les inhibiteurs de la tyrosine kinase (ITK) et les immunothérapies ont été testés comme traitements adjuvants pour le cancer du rein, mais les effets bénéfiques pour les patients se sont avérés inégaux.
Le recours précoce à un traitement adjuvant est-il bénéfique pour la santé, rentable et avisé? La perspective du patient.
Séance d'information E451 (en anglais)Au cours de cette discussion, Deb Maskens, membre fondatrice et ancienne vice-présidente de l’IKCC, a parlé des coûts et de l’efficacité du traitement adjuvant pour le cancer du rein selon la perspective des patients. La présentation s’appuyait sur des données tirées de sondages menés par KCCure et l’IKCC.
Il existe un important besoin non satisfait pour un traitement adjuvant du cancer du rein qui aiderait à prolonger la vie des patients tout en améliorant leur qualité de vie. Le traitement adjuvant idéal permettrait de sélectionner les patients en fonction du risque présenté par chacun, procurerait aux patients des bienfaits évidents, serait bien toléré en n’entraînant aucun effet secondaire à long terme et serait abordable, accessible et acceptable pour les patients et leur famille.
L’opinion des patients concernant les traitements adjuvants ciblés (les inhibiteurs de la tyrosine kinase, ou ITK) était dans l’ensemble défavorable. Selon les résultats d’un sondage mené par KCCure, les patients accepteraient seulement de recevoir un traitement adjuvant si celui-ci apportait des bienfaits évidents en matière de survie (25 %) ou entraînait une période prolongée sans cancer selon les examens d’imagerie de suivi (60 %). Le traitement adjuvant par ITK a suscité peu d’intérêt en raison de l’absence de bienfaits en matière de survie et des effets secondaires connus.
Chez les personnes recevant une immunothérapie adjuvante, la moitié des répondants au sondage estimaient à environ 40 à 50 % le risque que leur cancer revienne. Moins de 10 % des patients ont affirmé qu’ils refuseraient de recevoir une immunothérapie adjuvante en raison des effets secondaires potentiels. Dans une question de suivi, environ 50 % des répondants ont dit qu’ils accepteraient le risque associé à l’utilisation de corticostéroïdes pour la prise en charge des effets secondaires si ce risque était de 20 à 25 %.
Pour qui le traitement adjuvant est-il avisé? Avant de recevoir une immunothérapie adjuvante, les gens doivent réfléchir aux effets secondaires potentiels (environ le cinquième des patients présentent des effets secondaires graves ou pouvant mettre leur vie en danger), au fait de recevoir un traitement qui n’est pas nécessaire, aux coûts des médicaments (dans les pays dépourvus d’un système de santé public), à la nécessité de se rendre à l’hôpital pendant environ un an pour l’administration des perfusions d’immunothérapie et à leur qualité de vie pendant le traitement.
Le traitement précoce est-il bénéfique pour la santé, rentable et avisé? Cela dépend de plusieurs questions : le traitement peut-il être retardé sans risque que le cancer ne réapparaisse? Les métastases peuvent-elles être traitées localement (par radiothérapie, par exemple)? Les traitements combinés finiront-ils par guérir le cancer du rein qui s’est propagé à d’autres parties du corps (cancer du rein métastatique)? Où l’immunothérapie adjuvante s’inscrit-elle dans l’algorithme thérapeutique? Malheureusement, aucun essai clinique comparatif n’a été mené pour nous permettre de répondre à ces questions, ni à l’heure actuelle ni dans le futur.
Le développement de nouveaux traitements doit se faire en consultation avec les patients de façon à s’assurer que les essais cliniques utilisent des paramètres d’évaluation pertinents pour les patients, que des évaluations significatives de la qualité de vie sont effectuées et que les patients ont leur mot à dire sur la conception de l’étude. Les patients ont également besoin d’outils pour la prise de décision partagée qui les aideront à choisir un traitement avec leurs cliniciens. Il n’est ni bénéfique ni avisé d’exclure les patients!
Le traitement adjuvant par évérolimus peut-il prévenir une récidive après une intervention chirurgicale?
Résumé LBA4500 (en anglais)Cette étude de phase III (appelée EVEREST) a examiné l’effet d’un traitement adjuvant au moyen d’un comprimé d’évérolimus, un inhibiteur de mTOR. Les participants à l’étude étaient atteints d’un cancer qui ne s’était pas encore propagé, mais ils présentaient un risque élevé de récidive.
L’étude regroupait 1545 patients, qui ont été répartis aléatoirement dans deux groupes : la moitié ont reçu de l’évérolimus, l’autre moitié ont reçu un placebo. Tous présentaient un risque moyen à élevé de voir leur cancer réapparaître. La plupart étaient atteints d’un carcinome à cellules claires, tandis que 17 % étaient atteints d’un autre type de cancer du rein.
Les patients ont fait l’objet d’un suivi pendant en moyenne plus de six ans. Au cours de cette période, l’évérolimus a amélioré la survie sans cancer par rapport au placebo, mais la différence n’était pas significative (64 % contre 61 % après 6 ans). Il est donc possible que ce résultat soit attribuable au hasard et non à un effet réel. Chez les patients présentant un risque très élevé de voir leur cancer revenir, l’évérolimus a permis d’améliorer la survie sans cancer de 21 %. Ce résultat s’est avéré statistiquement significatif. La durée de la survie globale était semblable pour le groupe traité par évérolimus et pour celui recevant le placebo. Les participants qui ont dû se retirer de l’étude en raison d’effets secondaires étaient plus nombreux dans le groupe traité par évérolimus (37 % contre 5 %), et la majorité de ces effets étaient graves ou mettaient la vie du patient en danger.
En conclusion, comparativement au placebo, l’évérolimus n’a pas amélioré de façon significative la survie sans cancer après une néphrectomie chez les personnes atteintes d’un cancer du rein présentant un risque intermédiaire ou élevé de récidive. Le traitement adjuvant par évérolimus conviendrait peut-être davantage aux patients présentant un risque très élevé de connaître une récidive de leur cancer. La principale question est de savoir si ce traitement sera utilisé alors que d’autres options, comme le traitement adjuvant par pembrolizumab, pourraient s’avérer plus efficaces pour ce qui est d’empêcher le cancer du rein de revenir.
Les bactéries dans l’intestin peuvent-elles aider à accroître l’efficacité et la tolérabilité de l’immunothérapie chez les personnes atteintes d’un cancer du rein métastatique?
Les bactéries intestinales peuvent-elles renforcer l’efficacité de l’immunothérapie?
Résumé 4510 (en anglais)Cette étude a été réalisée parce qu’on a remarqué que les personnes qui prennent des antibiotiques durant une immunothérapie répondaient moins bien au traitement que celles qui ne prenaient pas d’antibiotiques. Cela pourrait être dû au fait que les antibiotiques modifient le type de bactéries présentes dans l’intestin, ce qui influe sur le fonctionnement du système immunitaire intestinal. Ces changements finissent par avoir une incidence sur la capacité du système immunitaire entier à combattre non seulement les bactéries, mais aussi le cancer.
De récentes données laissent entendre que les bactéries présentes dans l’intestin (le microbiote intestinal) interagissent avec l’immunothérapie dans le cancer du rein métastatique. La bactérie Clostridium butyricum, qui produit le butyrate, a été étudiée pour déterminer si elle peut modifier les bactéries dans l’intestin. Les résultats cliniques chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique traités par l’association de deux médicaments d’immunothérapie, le nivolumab et l’ipilimumab, ont été analysés. Le Clostridium butyricum est la principale bactérie de la souche CBM 588.
Certaines études antérieures ont démontré que la souche CBM 588 semblait améliorer la réponse à l’immunothérapie chez les personnes prenant des antibiotiques.
L’objectif de l’étude actuelle était de déterminer s’il était possible d’améliorer la réponse à l’immunothérapie en modifiant les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques au moyen du CBM 588. On a ainsi réparti en deux groupes 29 patients atteints d’un cancer du rein métastatique présentant un risque élevé de développer une maladie grave. Le premier groupe a été traité par l’association de nivolumab et d’ipilimumab, tandis que le deuxième a reçu l’association de nivolumab et d’ipilimumab en plus du CBM 588.
Les échantillons de selles des patients ont été analysés afin de détecter la présence de bactéries. Les chercheurs ont également examiné les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques pour les types d’antibiotiques les plus courants.
Le nombre de patients ayant répondu à l’immunothérapie était près de trois fois plus élevé dans le groupe prenant le CBM 588 que dans celui n’en prenant pas. De plus, les gènes de résistance aux antibiotiques étaient moins présents chez les personnes traitées par le CBM 588 en plus de l’ipilimumab et du nivolumab.
Cette étude montre que la réponse des patients atteints d’un cancer du rein à l’immunothérapie peut être améliorée en changeant les types de bactéries présentes dans l’intestin. L’étude, bien qu’elle ait été de très petite envergure, a donné des résultats très intéressants. D’autres études sont attendues.
Les bactéries intestinales pourraient aider à prévenir les effets secondaires chez les personnes atteintes d’un cancer du rein métastatique traitées par immunothérapie
Résumé 4553 (en anglais)Les bactéries présentes dans l’intestin jouent un rôle essentiel dans le développement d’une immunité aux maladies et pourraient être capables de contrôler la réponse immunitaire causée par l’immunothérapie chez les personnes atteintes d’un cancer. Cette étude de phase I s’est penchée sur une intervention appelée transplantation de selles (ou transplantation de microbiote fécal), dans le cadre de laquelle des bactéries fécales et d’autres microbes provenant de personnes en bonne santé sont transférés à d’autres pour aider à traiter une maladie. Cette intervention a été réalisée avant l’immunothérapie de façon à accroître la résilience des bactéries intestinales, à rendre le traitement plus tolérable et à améliorer la réponse au traitement.
L’étude actuellement en cours évalue l’innocuité de la transplantation de selles associée à l’immunothérapie comme premier traitement du cancer du rein métastatique. Elle vise aussi à déterminer si la transplantation de selles peut réduire le nombre d’effets secondaires de nature immunitaire causés par l’immunothérapie.
Jusqu’à présent, dix patients atteints d’un cancer du rein métastatique ont subi une transplantation de selles en association avec leur immunothérapie. Tous présentaient une maladie à risque intermédiaire ou élevé et ont fait l’objet d’un suivi pendant près de 6 mois. Quatre patients ont abandonné l’étude en raison d’effets secondaires de nature immunitaire (colite et arthrite) et huit au total ont signalé des effets secondaires de nature immunitaire, y compris la diarrhée et des éruptions cutanées. La plupart des effets secondaires étaient graves ou mettaient la vie en danger (60 %). Quatre patients ont répondu au traitement et leur cancer a diminué de taille.
D’autres études sont nécessaires pour déterminer le rôle de la transplantation de selles dans la prévention des effets secondaires de l’immunothérapie et évaluer les changements sur le plan des bactéries intestinales.
La survie et la qualité de vie avec l’association de cabozantinib et de nivolumab
L’ampleur de la réponse au cabozantinib en association avec le nivolumab influe-t-elle sur les résultats cliniques?
Résumé 4501 (en anglais)Les résultats en cours de l’essai clinique de phase III CheckMate 9ER portant sur le nivolumab (un traitement d’immunothérapie administré par perfusion) en association avec le cabozantinib (un inhibiteur de la tyrosine kinase en comprimé) ont été présentés. Des données antérieures tirées de l’étude CheckMate 9ER ont démontré que l’association de nivolumab et de cabozantinib a permis de doubler le temps moyen avant que le traitement ne cesse de fonctionner et que le cancer ne recommence à progresser par rapport au sunitinib. De plus, près de deux fois plus de patients ont répondu à l’association.
Dans cette présentation, la réduction de la taille de la tumeur a été comparée aux résultats cliniques chez les personnes atteintes d’un cancer du rein métastatique traitées par l’association de nivolumab et de cabozantinib ou par sunitinib.
Dans l’ensemble, les patients traités par l’association étaient plus nombreux que ceux traités par sunitinib à voir la taille de leur tumeur réduite de plus de 50 %. Ces réponses ont été associées à un délai plus long avant que le cancer ne recommence à progresser après 12 mois, comparativement au sunitinib. Les durées de survie globale étaient cependant semblables avec le traitement combiné et avec le sunitinib, bien qu’on ne comprenne pas entièrement pourquoi la durée de survie au sein du premier groupe n’a pas été considérablement prolongée.
Au cours de l’étude, un plus grand nombre de patients traités par l’association de nivolumab et de cabozantinib ont connu une réduction importante de la taille de leur tumeur, comparativement à ceux recevant du sunitinib. Les importantes réductions de la taille de la tumeur n’étaient pas liées à une survie plus longue, bien qu’on ne sache pas entièrement quels facteurs influencent la survie.
Comment la qualité de vie influe-t-elle sur les résultats cliniques produits par l’association de cabozantinib et de nivolumab?
Résumé 4502 (en anglais)D’autres données de suivi provenant de l’essai clinique de phase III CheckMate 9ER montrent que le cabozantinib employé en association avec le nivolumab est toujours plus bénéfique que la prise d’un comprimé d’inhibiteur de la tyrosine kinase employé seul pour réduire la taille du cancer et améliorer la survie chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique n’ayant pris aucun médicament auparavant.
Après un suivi moyen de près de trois ans (33 mois), les patients traités au moyen de l’association de cabozantinib et de nivolumab ont continué de présenter un temps de survie plus long, un cancer mieux maîtrisé et une tumeur de taille réduite sur les examens d’imagerie, comparativement à ceux traités par sunitinib (un comprimé d’inhibiteur de la tyrosine kinase).
Les chercheurs voulaient voir s’il existait un lien direct entre la qualité de vie et la survie chez les patients traités au moyen de l’association de cabozantinib et de nivolumab pour leur cancer du rein métastatique.
Un plus grand nombre de patients se sont sentis mal avant que leur cancer ne s’aggrave en raison d’effets secondaires comme la fatigue. La durée de la survie globale était liée à la qualité de vie. Les patients qui avaient une meilleure qualité de vie au début de l’étude présentaient un risque plus faible de décès. Après 6 mois, les patients dont la qualité de vie s’était améliorée ou stabilisée ont vu leur risque de décès réduit de 52 % par rapport à ceux dont la qualité de vie s’était détériorée.
Ces résultats ont révélé un lien entre la qualité de vie et les résultats cliniques chez les patients traités par l’association de cabozantinib et de nivolumab. Par conséquent, les résultats rapportés par les patients peuvent s’avérer utiles pour décrire leur expérience au cours d’un essai clinique et prédire les résultats cliniques au cours de la pratique clinique courante.
Données de suivi de trois ans tirées de l’étude sur le belzutifan chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique ayant déjà reçu un traitement
Résumé 4509 (en anglais)Les traitements du cancer du rein métastatique ont changé au cours des dernières années, améliorant considérablement l’évolution de l’état de santé des patients et leur survie. Cependant, la plupart des gens finissent malheureusement par voir leur cancer s’aggraver pendant leur traitement actuel.
Des études menées sur les gènes des personnes atteintes d’un cancer du rein ont révélé des mutations dans un gène appelé von Hippel-Lindau (VHL). Cette mutation entraîne une élévation des taux d’une protéine appelée facteur induit par l’hypoxie, ou HIF-2α, dans le sang de ces patients. Cela produit des changements dans les cellules cancéreuses entraînant la croissance de la tumeur. Un nouveau médicament sous forme de comprimé appelé belzutifan, un inhibiteur du facteur induit par l’hypoxie 2α (HIF-2α), bloque l’action du HIF-2α. Cela se produit chez plus de 90 % des patients atteints d’un cancer du rein à cellules claires.
Une étude antérieure a démontré que le belzutifan présentait une activité antitumorale de longue durée et était bien toléré par les personnes atteintes d’un cancer du rein métastatique.
Au moment du Symposium 2022 de l’ASCO, les plus récents résultats de cet essai comprenaient plus de trois ans de données de suivi. Des 55 patients de l’étude, 16 % ont poursuivi leur traitement par belzutifan après trois ans; 62 % des patients ont malheureusement dû abandonner le traitement parce que leur cancer s’est aggravé.
En moyenne, le traitement a cessé de faire effet et le cancer a recommencé à progresser après 14,5 mois. Le cancer a été maîtrisé chez 80 % des patients.
Quarante pour cent des patients ont connu un effet secondaire grave; il s’agissait la plupart du temps d’une diminution de la concentration d’hémoglobine dans le sang (anémie) et d’une diminution de la quantité d’oxygène dans le sang (hypoxie). Aucun effet secondaire mettant la vie des patients en danger ni aucun décès attribuables au traitement n’ont été observés durant les trois années de suivi.
Ces résultats démontrent que le belzutifan peut permettre de maîtriser le cancer chez un pourcentage élevé de patients atteints d’un cancer du rein métastatique qui ont déjà reçu un traitement anticancéreux auparavant. Le belzutifan est bien toléré par la plupart des patients. Un essai de phase III mené auprès de patients atteints d’un cancer du rein métastatique est en cours afin de comparer le belzutifan à l’évérolimus. Si cette étude révèle que le belzutifan présente un avantage par rapport à l’évérolimus, le belzutifan sera probablement approuvé comme traitement chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique.
De nouveaux traitements combinés pour le cancer du rein métastatique
Le durvalumab ou le savolitinib employés seuls ou en association avec le trémélimumab peuvent-ils améliorer le taux de survie chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique?
Résumé LBA4503 (en anglais)L’étude de phase II CALYPSO a évalué trois nouveaux médicaments utilisés dans le traitement du cancer du rein métastatique qui s’est propagé à d’autres parties du corps. Les médicaments testés étaient le durvalumab (une immunothérapie appelée inhibiteur de la PD-L1 administrée par perfusion), le savolitinib (un traitement ciblé appelé inhibiteur de la MET sous forme de comprimé) et le trémélimumab (une immunothérapie appelée inhibiteur de CTLA-4 administrée par perfusion). Le durvalumab et le savolitinib ont été testés seuls, et le durvalumab a aussi été testé en association avec le savolitinib ou le trémélimumab chez des patients atteints d’un cancer du rein à cellules claires ou de type papillaire au stade métastatique.
On a découvert qu’une protéine appelée MET (ou récepteur du facteur de croissance hépatocytaire) stimule la formation et la croissance de tumeurs. Le savolitinib peut bloquer la protéine MET, ce qui s’est révélé efficace chez les patients atteints d’un cancer du rein papillaire.
Cette présentation rend compte de l’efficacité de ces médicaments chez les patients atteints d’un cancer du rein à cellules claires de stade métastatique. Les patients avaient déjà reçu un traitement ciblé par inhibiteur de la tyrosine kinase, mais jamais d’immunothérapie ou d’inhibiteur de la MET. La présentation présente les données obtenues auprès de 139 patients après 12 mois de traitement.
Les résultats de l’étude n’ont pas révélé de bienfaits significatifs pour le traitement par savolitinib employé seul ou en association avec le durvalumab ou le trémélimumab chez les patients atteints d’un cancer du rein à cellules claires de stade métastatique. On ne sait pas encore si ces médicaments sont plus efficaces chez les patients atteints d’un cancer du rein papillaire.
De possibles biomarqueurs de l’efficacité des traitements contre le cancer du rein
La surveillance de l’efficacité du sunitinib dans le traitement du cancer du rein métastatique au moyen de renseignements personnalisés sur les tumeurs et d’analyses de l’ADNtc
Résumé 4525 (en anglais)Environ le tiers des cancers du rein se sont déjà propagés à d’autres tissus et organes au moment de leur diagnostic (cancers de stade 4). Le pronostic est mauvais chez les patients atteints d’un cancer du rein de stade 4 ou métastatique, et moins de la moitié d’entre eux survivront pendant 5 ans. Les médecins ont besoin d’un moyen d’évaluer l’efficacité des médicaments contre le cancer du rein métastatique et de suivre l’évolution de la maladie.
Les biomarqueurs sont des substances naturellement présentes dans l’organisme qui peuvent être utilisées pour évaluer l’évolution d’une maladie ou d’un processus biologique. Des biomarqueurs liquides, comme l’ADN tumoral circulant (ADNtc), se trouvent dans le sang et peuvent être utilisés pour évaluer la façon dont une maladie répond au traitement. Ils peuvent également servir à surveiller l’état de la maladie au fil du temps et en prédire la progression.
Cette étude avait pour objectif de déterminer si des analyses d’ADNtc personnalisées pour les tumeurs du cancer du rein pouvaient être utilisées dans le but d’évaluer la réponse des patients atteints d’un cancer du rein métastatique au traitement par sunitinib.
L’étude comptait 21 patients atteints d’un cancer du rein métastatique. Tous ont été traités par sunitinib et ont subi une intervention chirurgicale visant à retirer leur cancer du rein au cours du deuxième cycle de leur traitement.
Des taux d’ADNtc plus élevés ont été décelés dans le sang des patients présentant plusieurs métastases, comparativement aux patients présentant seulement une métastase. Les patients dont le taux d’ADNtc avait augmenté depuis le début de l’étude étaient plus susceptibles de voir leur cancer progresser que ceux dont le taux d’ADNtc avait diminué.
L’étude a montré qu’au cours du traitement par sunitinib, la progression de la maladie était plus probable chez les patients dont le taux d’ADNtc avait augmenté depuis le début de l’étude. Des taux élevés d’ADNtc dans le sang étaient associés à un délai plus court entre le premier traitement par sunitinib et la progression de la maladie. Cela vient justifier le changement de médicament afin d’améliorer la réponse au traitement. Il est nécessaire de réaliser d’autres études auprès de patients atteints d’un cancer du rein métastatique.
Des traitements combinés contre le cancer du rein chez les patients ayant déjà reçu un traitement
Le batiraxcept en association avec le cabozantinib s’annonce prometteur pour les patients atteints d’un cancer du rein métastatique ayant déjà reçu un traitement
Résumé 511 (en anglais)Le batiraxcept est une protéine bloquant l’action de l’AXL, une autre protéine qui favorise la croissance des cellules tumorales et affaiblit le système immunitaire. Le cabozantinib est un inhibiteur des récepteurs à activité tyrosine kinase (ou ITK). Le premier objectif de l’étude de phase 1b était de trouver la meilleure dose de batiraxcept à utiliser en association avec le cabozantinib chez les personnes atteintes d’un cancer du rein métastatique ayant déjà reçu un traitement. Les objectifs secondaires consistaient à déterminer la meilleure dose à utiliser dans les études de phase 2, le taux de réponse au traitement et la durée de cette réponse.
L’étude regroupait 26 patients. Tous avaient déjà été traités soit par un traitement ciblé, soit par immunothérapie, soit par les deux. Les trois quarts présentaient une maladie à risque intermédiaire ou élevé. Les patients ont fait l’objet d’un suivi pendant en moyenne 5 mois, et 24 d’entre eux ont poursuivi l’étude. Au total, 65 % ont connu des effets secondaires, le plus fréquent étant une perte d’appétit, la diarrhée et la fatigue. Quatre patients ont connu des effets secondaires graves, mais aucun effet secondaire mettant la vie en danger ni aucun décès n’ont été observés.
Tous les patients (100 %) répondaient toujours au traitement après 3 mois. Après 6 mois, le traitement avait empêché le cancer de progresser et était toujours efficace chez 79 % des patients. L’association du batiraxcept et du cabozantinib a été bien tolérée.
Quel est l’effet des traitements ultérieurs chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique traités par lenvatinib en association avec le pembrolizumab ou par sunitinib?
Résumé 4514 (en anglais)Dans cette présentation, on a examiné l’effet des traitements chez les patients atteints d’un cancer du rein métastatique qui ont été traités par lenvatinib en association avec le pembrolizumab ou par sunitinib. Dans le cadre de l’étude de phase III CLEAR, le lenvatinib en association avec le pembrolizumab a considérablement amélioré le délai avant la progression du cancer et la durée de la survie globale par rapport au sunitinib lorsqu’administré comme premier traitement. Cette étude s’est penchée sur le délai avant que le cancer ne recommence à progresser pendant le traitement de deuxième intention.
Chez les patients traités préalablement au moyen de l’association de lenvatinib et de pembrolizumab, le délai moyen avant que le deuxième traitement ne cesse de faire effet était de 12,2 mois. Chez les patients traités préalablement par sunitinib, ce délai était presque réduit de moitié, avec 6,4 mois.
L’étude a démontré que l’association de lenvatinib et de pembrolizumab continue de présenter des bienfaits au cours du deuxième traitement après l’échec de l’association, ce qui vient confirmer davantage la place du lenvatinib et du pembrolizumab comme traitement de référence en première intention pour le cancer du rein métastatique.
Le cancer du rein chez les personnes ayant subi une greffe de rein : quelle est la place du dépistage?
Résumé 10528 (en anglais)Les personnes qui ont subi une greffe de rein présentent un risque accru de développer un cancer du rein en raison de l’affaiblissement de leur système immunitaire. La plupart des cancers du rein chez les personnes greffées prennent naissance dans le rein d’origine. Cela peut affecter la survie à long terme. Le dépistage du cancer du rein chez les personnes ayant subi une greffe n’est pas systématique.
On comptait 1 998 personnes ayant subi une greffe de rein dans un hôpital des États-Unis. De ce nombre, 16 (moins de 1 %) ont développé un cancer du rein. Quatre autres personnes atteintes d’un cancer du rein ont subi une greffe de rein dans un autre hôpital, mais ont fait l’objet d’un suivi dans le cadre de l’étude. Le nombre total de patients atteints d’un cancer du rein ayant participé à l’étude était donc de 20.
Le délai moyen avant que le cancer du rein ne soit diagnostiqué était de 8 ans. La plupart (les trois quarts) des cancers étaient à cellules claires; 20 % étaient des cancers du rein papillaires et 5 % étaient chromophobes. Chez ces patients, 60 % des cancers se sont développés dans le rein d’origine, tandis que 40 % se sont développés dans le rein greffé.
Les participants ont été divisés en deux groupes : ceux qui ont été soumis à un dépistage régulier par échographie ou tomodensitométrie tous les deux ans (12 personnes) et ceux qui n’ont été soumis à aucun dépistage (8 personnes). Toutes les personnes ayant été soumises à un dépistage ont été « guéries » par néphrectomie ou cryothérapie. Chez les patients qui n’avaient pas fait l’objet d’un dépistage régulier, plus du tiers étaient atteints d’un cancer du rein de stade 4 et deux sont décédées.
Tous les patients ayant subi une greffe de rein qui ont fait l’objet d’un dépistage ont reçu un diagnostic précoce de cancer du rein, et aucun n’est décédé. Le quart des personnes n’ayant été soumises à aucun dépistage étaient atteintes d’un cancer avancé au moment du diagnostic et sont décédées. Le dépistage du cancer du rein chez les personnes ayant subi une greffe de rein est efficace pour le diagnostic précoce du cancer du rein et permet d’améliorer le taux de survie. C’est le cas pour tous les sous-types de cancer du rein, y compris le cancer à cellules claires, papillaire et chromophobe. D’autres études sont nécessaires afin d’évaluer le rapport coût-efficacité du dépistage.
Cette étude vient souligner la nécessité de réaliser un suivi à long terme chez les personnes qui ont subi une greffe de rein. Les examens d’imagerie doivent être réalisés non seulement sur le rein greffé, mais aussi sur le rein d’origine. Puisque ces patients sont immunodéprimés, un diagnostic précoce se traduira par une amélioration de la survie. Ces patients ont également une meilleure chance d’être traités au moyen d’une néphrectomie partielle ou d’une cryoablation, ce qui permet de préserver la fonction rénale.
Le taux de survie des patients ayant subi une greffe de rein a augmenté au cours des vingt dernières années, et ces personnes méritent que l’on fasse le suivi de leurs reins (tant celui d’origine que celui greffé) leur vie durant. Le pourcentage de personnes qui développent un cancer du rein au sein de cette population est semblable à celui au sein de la population non greffée.
L’immunothérapie permet d’améliorer la survie dans les cas de cancers métastatiques aux États-Unis : répercussion pour les patients âgés (de 75 ans et plus)
Résumé 12039 (en anglais)Les immunothérapies ont transformé le traitement de nombreux cancers. Il manque toutefois des données sur l’incidence des immunothérapies aux États-Unis, en particulier chez les personnes âgées. Dans cette étude, l’effet de l’immunothérapie dans le traitement de plusieurs cancers métastatiques différents (mélanome, cancer du poumon, cancer du rein, cancer de la tête et du cou, maladie de Hodgkin et cancer urothélial) a été évalué à partir d’une base de données.
Au total, 363 191 patients atteints d’un cancer métastatique ont été inclus dans l’étude, dont 7 % étaient atteints d’un cancer du rein. L’âge moyen des patients était de 66 ans. La durée de la survie globale était supérieure pour les cancers métastatiques diagnostiqués au moment où les immunothérapies étaient accessibles, à l’exception des cancers urothéliaux. De tels résultats ont été observés chez les patients âgés (de 75 ans ou plus) atteints d’un cancer du rein.
La durée de la survie globale et la durée de la survie propre à chaque cancer étaient supérieures pour les cancers métastatiques diagnostiqués au moment où les immunothérapies étaient accessibles, y compris chez les patients âgés de 75 ans et plus. Les immunothérapies ne doivent pas être refusées aux patients en raison de leur âge.
Comme les gens vivent maintenant plus longtemps, de plus en plus de personnes âgées recevront un diagnostic de cancer, dont le cancer du rein. Les patients âgés ont été sous-représentés dans les essais cliniques. Cette étude présente des données du monde réel sur un traitement moderne qui peut être administré à des patients plus âgés en générant des résultats enthousiasmants. Beaucoup de ces patients sont fragiles ou sont atteints d’autres maladies, ce qui les empêche de prendre des médicaments associés à de graves effets secondaires. Les immunothérapies constituent une option sûre, malgré leur coût.
ACKNOWLEDGEMENTS
Éditeur:
Dr Stenio Zequi (BR)
Réviseurs médicaux:
Dre Rachel Giles (P.-B.)
Dr Michael Jewett (CA)
Dr Eric Jonasch (É.-U.)
Rédactrice médicale:
Dr Sharon Deveson Kell (R.-U.)