
Faits saillants du congrès virtuel 2021 de l’ESMO
Source : International Kidney Cancer Coalition (IKCC)
La réunion annuelle de l’European Society of Medical Oncology (ESMO) s’est tenue de façon virtuelle du 19 au 21 septembre 2021. Les présentations peuvent être consultées sur le site Web de l’ESMO si vous vous êtes préalablement connecté au site. L’International Kidney Cancer Coalition (IKCC) a participé au programme scientifique virtuel pour se tenir au courant des dernières avancées en matière de soins et de traitement des personnes atteintes d’un cancer du rein.
Remarque : Le présent résumé a été rédigé par des défenseurs des droits des patients, dans l’intérêt des organisations de patients du monde entier qui se consacrent au domaine du cancer du rein. Bien que ce résumé ait fait l’objet d’une révision par des professionnels médicaux, les renseignements qu’il contient reposent sur des données publiques partagées lors de cette réunion et n’entendent aucunement être exhaustifs, ni ne constituent des conseils médicaux. Chaque patient doit parler à son médecin des soins et des traitements qui lui sont appropriés.
Programmes de traitements alternatifs par ITK et immunothérapie
L’utilisation de pauses de traitement afin de diminuer les effets secondaires sans nuire aux résultats suscite un intérêt accru. Cette étude de phase 3 (STAR) a été conçue dans le but de vérifier comment l’aménagement d’une pause dans le programme de traitement par tyrosine kinase (ITK) a un impact sur la quantité d’effets secondaires et sur la survie des patients, en comparaison avec le traitement standard de première intention des personnes atteintes d’un carcinome à cellules rénales (CCR) avancé. Les impacts sur la survie globale et une évaluation économique du QALY (l’année de vie ajustée par la qualité) ont été les principaux résultats de cette étude.
L’essai a recruté 920 patients atteints d’un CCR (carcinome à cellules rénales) qui s’est propagé à d’autres parties du corps (avancé ou métastatique). Les patients ont été répartis de manière aléatoire entre deux groupes et ont reçu soit du sunitinib soit du pazopanib.
Les patients du groupe 1 ont été traités soit par sunitinib selon le programme standard (un comprimé par jour pendant 4 semaines et 2 semaines de pause de traitement), soit par pazopanib (un comprimé par jour sans pause). Ils ont continué le traitement tant qu’il leur a été bénéfique, ou jusqu’au moment où ils sont devenus incapables de supporter les effets secondaires.
Les patients du groupe 2 ont reçu du sunitinib ou du pazopanib pendant 24 semaines selon la posologie standard. Ils sont ensuite entrés en pause de traitement. Pendant cette pause planifiée, ils ont été surveillés régulièrement au moyen de tomodensitométries (TDM). Lorsque le cancer a recommencé à croître, on a repris le traitement. Ces patients ont ensuite suivi au moins 24 autres semaines de traitement par sunitinib ou par pazopanib; tant que leur cancer demeurait sous contrôle, ils pouvaient bénéficier d’une nouvelle pause. Ils ont continué le traitement tant qu’ils en ont tiré des bénéfices ou jusqu’au moment où ils ont été incapables d’endurer les effets secondaires.
Plus de la moitié des patients (53 %) ont continué à participer à l’étude après 6 mois. La durée moyenne des pauses de traitement a été de 87 jours. On n’a pas relevé de différences significatives de la durée de survie globale entre les patients qui ont suivi le traitement standard et ceux qui ont bénéficié de pauses, cependant, les données obtenues ne sont pas assez probantes pour affirmer qu’il n’y avait aucune différence. La durée de survie globale des patients du groupe qui a reçu le traitement standard a été d’environ un mois plus long. Sur une période de deux ans, on a réalisé des économies d’environ 6 954 £ par patient. Les paramètres d’évaluation secondaires tels que le délai avant l’échec du traitement (le délai de la mort, de la progression de la maladie ou du début d’un nouveau traitement systémique) et le temps écoulé avant que le traitement cesse d’être efficace et que le cancer se propage à nouveau (survie sans progression) donnaient tous un avantage au groupe qui a bénéficié de pauses dans le traitement.
La durée de la survie globale ne différait pas entre les deux groupes. L’insertion de pauses dans le traitement a permis de réduire le nombre d’effets secondaires, elle a été bien acceptée par les patients et les médecins et elle a généré des économies importantes par rapport au traitement standard.
L’utilisation d’une combinaison des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire ipilimumab plus nivolumab est le traitement standard chez les patients non traités auparavant (traitement de première intention) atteints d’un CCR qui présentent un risque intermédiaire ou élevé et qui s’est propagé (CCR avancé ou métastatique). Cette combinaison de médicaments peut entraîner des effets secondaires graves ou potentiellement mortels, pour la plupart attribuables à l’ipilimumab. Le but de cet essai de phase 2 (PRISM) était de vérifier si un changement au programme de ce traitement pouvait le rendre plus tolérable, sans affecter la survie du patient.
Les patients atteints d‘un CCR avancé jamais traité auparavant ont été réparti aléatoirement en deux groupes dans un rapport de 2 à 1. Le groupe 1 a suivi un programme modifié d’ipilimumab administré chaque 12 semaines pour un total de 4 doses, en association avec des infusions de nivolumab chaque 2 semaines entre les doses combinées. Le groupe 2 a suivi le programme standard d’ipilimumab chaque 3 semaines, pour un total de 4 doses, suivies d’une dose standard de nivolumab chaque 2 semaines. Les patients ont été traités jusqu’à ce que leur maladie progresse ou que les effets secondaires deviennent intolérables.
L’étude a été menée auprès de 192 patients dont plus des deux tiers (69 %) présentaient une maladie à risque intermédiaire ou élevé. L’occurrence d’effets secondaires graves ou potentiellement mortels a été considérablement inférieure chez les patients qui ont suivi le programme modifié d’ipilimumab (32,28 %) que chez ceux qui ont suivi le programme standard (53,1 %). Les patients du groupe qui a suivi l’horaire modifié ont moins souffert d’inflammation de l’intestin (colite), de douleurs aux articulations, de problèmes au foie, d’inflammation des poumons (pneumonite) et d’inflammation de la glande pituitaire (hypophysite). On n’a pas observé de différences entre les deux groupes pour ce qui est de la survie des patients bien que cela mériterait peut-être d’être confirmé lors de futurs essais.
Cette étude a démontré qu’administrer l’ipilimumab toutes les 12 semaines au lieu de toutes les 3 semaines, en combinaison avec le nivolumab, a fait grandement diminuer le nombre d’effets secondaires graves ou potentiellement mortels. Le changement apporté au programme de traitement n’a pas semblé affecter la durée de vie des patients, mais cet essai est de trop petite envergure pour en arriver à une conclusion finale.
Probabilités de survie à diverses étapes de l’étude CheckMate 214 sur l’ipilimumab et le nivolumab
L’utilisation simultanée de deux médicaments (traitements combinés) est un traitement standard du CCR qui s’est propagé (CCR avancé ou métastatique) chez des patients qui n’ont pas encore reçu de traitement. L’étude CheckMate 214 a démontré que la combinaison des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, le nivolumab et l’ipilimumab, a aidé les patients atteints d’un CCR à risque élevé ou intermédiaire à vivre plus longtemps que les patients traités en monothérapie par un ITK, le sunitinib, et qu’elle réduisait le risque de mortalité de 32 %.
Cette affiche présentait des données à long terme issues de l’étude CheckMate 214 en ce qui concerne les probabilités de survie à différentes étapes après le début du traitement (par exemple, si vous avez déjà survécu 3 ans, quelles sont les chances que vous viviez 2 autres années?). Les patients ont été suivis pendant 67,7 mois en moyenne.
L’étude CheckMate 214 a comparé la combinaison nivolumab+ipilimumab au sunitinib chez 1 096 patients atteints d’un CCR à cellules claires avancé. Après un minimum de 5 ans de suivi, la combinaison nivolumab+ipilimumab a continué à être bénéfique en ce qui concerne la survie par rapport au sunitinib, chez des patients atteints d’un CCR à cellules claires avancé. L’étude a aussi montré que chez les patients toujours en vie après 3 ans, la probabilité d’être encore vivants 2 ans plus tard était de 81 % pour l’ensemble des patients, de 79 % chez les patients à risque intermédiaire ou élevé et de 85 % chez les patients à risque favorable. La probabilité que le cancer ne récidive pas pendant les 2 années suivantes était de 85 % à 90 % pour tous les groupes de risque. Chez les patients qui répondaient toujours à la combinaison nivolumab+ipilimumab après 3 ans, la probabilité que la réponse se poursuive deux autres années était de 85 % à 90 % pour tous les patients.
Aucun nouvel effet secondaire n’a été détecté pendant la durée additionnelle de suivi.
Le suivi à long terme effectué dans cette étude a montré que le nivolumab+ipilimumab procurait une meilleure chance de survie par rapport au sunitinib et qu’il augmentait la survie à long terme des patients toujours vivants qui répondaient encore au traitement après 3 ans.
Le pembrolizumab en tant que traitement adjuvant
La néphrectomie constitue la norme de soins pour le CCR, mais le cancer peut réapparaître (récidive) après la chirurgie. Un traitement adjuvant est un traitement médical administré après la chirurgie pour empêcher une récidive du cancer.
Dans le passé, des inhibiteurs du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF) et des cytokines ont été testés en tant que traitements adjuvants pour le CCR, mais sans qu’on puisse conclure à des bénéfices significatifs pour les patients.
L’étude de phase 3 KEYNOTE 564 s’est penchée sur l’utilisation du pembrolizumab après la néphrectomie, en tant que traitement adjuvant chez des patients atteints d’un CCR à cellules claires. Les patients ont été assignés de manière aléatoire à deux groupes présentant des caractéristiques similaires et ont reçu du pembrolizumab ou un placebo pendant environ un an. Pendant et après le traitement, les patients ont été suivis pour déceler une récidive de leur cancer.
Le pembrolizumab a considérablement diminué le risque relatif d’une récidive du cancer, c’est-à-dire d’environ 32 %. Après deux ans, 68,1 % des patients ayant reçu le placebo demeuraient exempts de la maladie. Cela signifie que 31,9 % des patients sur placebo présentaient un risque de récidive après la chirurgie. Parmi les patients sous pembrolizumab, 77,3 % ont été exempts d’une récidive, ce qui permet de conclure à une réduction des risques de récidive d’environ un tiers (32 %) chez les patients ayant reçu le pembrolizumab en traitement adjuvant. Il faudra poursuivre les recherches avant de disposer de données fiables sur la survie globale.
Les patients ayant reçu au moins une dose de pembrolizumab ou de placebo ont répondu à des questionnaires sur leur qualité de vie avant leur première infusion, à plusieurs moments durant leur traitement ainsi qu’à la fin du traitement, 30 jours après avoir reçu leur dernière dose et par la suite annuellement, jusqu’à ce que le cancer récidive ou que le patient débute un nouveau traitement.
Parmi les 496 patients sous pembrolizumab et les 498 patients sous placebo, plus de 90 % ont rempli les questionnaires initiaux sur la qualité de vie et plus de 60 % l’ont fait à nouveau après un an.
Seule une légère détérioration de la qualité de vie a été notée chez les patients sous pembrolizumab en comparaison avec ceux recevant le placebo, ce que les chercheurs n’ont pas considéré comme statistiquement significatif. Notablement, la qualité de vie est demeurée stable au fil du temps. Les participants ont déclaré que le pembrolizumab était supportable de leur point de vue de patients.
Le pembrolizumab est présentement approuvé par plusieurs autorités en matière de santé partout dans le monde, en combinaison avec l’axitinib, dans le traitement de première intention de patients atteints d’un CCR avancé. En association avec les données sur la survie de l’étude KEYNOTE 564, ces résultats laissent croire que la qualité de vie n’est pas impactée de manière significative par la prise de pembrolizumab, lorsqu’il est administré sur une période maximum d’un an après la chirurgie.
Monothérapies pour le traitement du CCR avancé
L’étude de phase 2 KEYNOTE 427 examine l’efficacité du pembrolizumab en tant que traitement de première intention chez des patients atteints d’un CCR avancé à cellules claires (cohorte A) ou à cellules non-claires (cohorte B).
Cette présentation sur affiche consistait en une mise à jour des résultats sur l’efficacité et l’innocuité du pembrolizumab après un minimum de 41 mois (près de trois ans et demi) de suivi des patients atteints d’un CCR à cellules claires (cohorte A). Les patients ont reçu le pembrolizumab aux 3 semaines, pour un maximum de 35 doses, jusqu’à une aggravation du cancer ou au moment où le patient n’a plus toléré les effets secondaires.
L’étude a recruté 110 patients atteints pour la plupart d’un CCR à risque intermédiaire ou élevé (61,8 %). La durée moyenne des traitements a été de 8,5 mois et l’étude se poursuit. Les données de cette présentation ont été recueillies 47 mois en moyenne après le recrutement des patients.
Plus du tiers des patients (36,4%) ont répondu au traitement par pembrolizumab et leur cancer a régressé. La durée moyenne de cette réponse a été de 19 mois et on a estimé qu’elle a duré au minimum deux ans chez 43,5 % de ces patients. Globalement, plus des deux tiers (69 %) ont vu le nombre de leurs tumeurs diminuer et 19,1 % ont eu une réduction d’au moins 80 %. Les patients dont la maladie était à risque intermédiaire ou élevé ont semblé mieux répondre au traitement (39,7 %) que ceux dont la maladie était à risque favorable (31 %).
La durée moyenne entre le début du traitement et le moment où le pembrolizumab a cessé d’être efficace et que le cancer a recommencé à progresser (survie sans progression) a été de 7,1 mois et la moyenne de durée de la survie globale a été de 40,7 mois. Près de 20 % des patients ont eu une durée de survie sans progression d’un minimum de 30 mois et près des deux tiers (62,6 %) ont eu une durée de survie globale de 30 mois. Tant la durée de la survie sans progression que celle de la survie globale ont été plus longues chez les patients dont la maladie était à risque favorable que chez ceux atteints d’une maladie à risque intermédiaire ou élevé.
Le cabozantinib est un inhibiteur de la tyrosine kinase approuvé en Europe pour le traitement des adultes atteints d’un CCR avancé à risque intermédiaire ou élevé. Il peut être administré à des patients qui ont reçu un traitement qui cible le facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF) au préalable, ou à des patients qui n’ont reçu aucun traitement pour leur cancer. Cette affiche présentait des données provisoires tirées de l’étude CASSIOPE sur l’utilisation du cabozantinib dans des conditions réelles chez des patients atteints d’un CCR avancé et qui avaient reçu un traitement antérieur ciblant le VEGF ou du nivolumab. Cette analyse intérimaire planifiée a été effectuée au moment où 50 % des patients avaient complété un minimum de 3 mois de suivi.
L’étude a recruté 337 patients traités par cabozantinib après avoir reçu un traitement ciblant le VEGF (majoritairement le sunitinib ou le pazopanib) ou le nivolumab (près de la moitié des patients avaient reçu le nivolumab en première ou en deuxième intention de traitement). La plupart des patients (près de 90 %) étaient atteints d’un CCR à cellules claires.
Durant les 3 premiers mois de suivi, près de 40 % des 58 patients qui avaient été traités avec le nivolumab pour ensuite recevoir le cabozantinib ont eu une réponse partielle au traitement et la maladie est restée stable chez un autre 45 %. Malheureusement, la maladie s’est aggravée chez 12 % de cette cohorte. La dose de cabozantinib a dû être modifiée chez la plupart des patients (79 %) pendant le suivi intérimaire : la dose a été réduite, on a aménagé une pause dans le traitement au cabozantinib ou on l’a complètement cessé. Plus de 90 % des patients ont signalé au moins un effet secondaire attribuable au traitement et les effets rapportés étaient gérables. Aucune mort n’a été attribuée au traitement.
L’analyse intérimaire de cette étude donne à penser que l’utilisation du cabozantinib est tolérable dans des conditions réelles et qu’il peut être efficace pour des patients ayant reçu un traitement antérieur ciblant le VEGF, ou du nivolumab.
Traitements prometteurs de cancers du rein plus rares
Deux études portant sur les traitements du CCR à cellules non claires ont été présentées à l’ESMO cette année. Le CCR à cellules non claires représente de 20 à 25 % de l’ensemble des diagnostics de CCR et ses résultats de survie sont généralement inférieurs à ceux du CCR à cellules claires. Le cabozantinib et les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire ont tous deux démontré leur capacité à aider les patients atteints d’un CCR à cellules non claires.
KEYNOTE 427 est une étude de phase 2 qui a examiné le traitement de première intention par pembrolizumab des personnes atteintes d’un CCR à cellules claires (cohorte A) et d’un CCR à cellules non claires (cohorte B). Cette affiche présentait une mise à jour des données sur l’efficacité et l’innocuité du pembrolizumab après presque trois ans de suivi des personnes atteintes d’un CCR à cellules non claires (cohorte B).
Le pembrolizumab était administré toutes les 3 semaines pour un total de 35 doses, jusqu’à une aggravation du cancer ou jusqu’à ce que le patient ne tolère plus les effets secondaires.
La cohorte B réunissait 165 patients atteints d’un CCR à cellules non claires dont 71,5 % présentaient un CCR papillaire, 12,7 % un CCR chromophobe et 15,8 % un CCR d’une histologie non classifiée. La durée moyenne de traitement a été de près de 7 mois, le tiers des patients a suivi plus d’un an de traitement et 15 % d’entre eux ont reçu la totalité des 35 doses de pembrolizumab.
Le quart des patients a répondu au traitement par pembrolizumab et leur cancer a régressé. La durée moyenne de cette réponse a été de 29 mois. La durée moyenne entre le début du traitement et le moment où le pembrolizumab a cessé d’être efficace et que le cancer a recommencé à progresser (survie sans progression) a été de 4,2 mois et la moyenne de durée de la survie globale a été de 29,9 mois. Chez la plupart des patients (59,4 %), la charge tumorale a diminué et 16,4 % d’entre eux ont bénéficié d’une diminution de 80 % et plus.
Les taux de réponse ont varié selon les sous-types histologiques. Les patients de sous type papillaire (taux de réponse de 28,8 %) et de CCR non classifié (taux de réponse de 30,8%) ont semblé mieux répondre au médicament que ceux atteints d’un CCR chromophobe (taux de réponse de 9,5 %). La survie médiane sans progression et la survie globale ont duré plus longtemps chez les patients atteints d’un CCR papillaire (5,5 et 31 mois) par rapport aux patients d’histologie chromophobe (3,9 et 23,5 mois) ou non classifiée (2,8 à 17,6 mois).
Aucun nouvel effet secondaire lié au pembrolizumab n’a été rapporté tandis que près de 70 % des patients ont fait état d’au moins un effet secondaire lié au traitement. De ces effets secondaires, 17 % ont été considérés comme graves ou potentiellement mortels et deux patients sont décédés des suites d’effets secondaires liés au traitement (pneumonie et arrêt cardiaque).
Après un suivi de près de 3 ans, le traitement de première intention au pembrolizumab semble manifester une activité anticancéreuse prometteuse chez des patients atteints d’un CCR à cellules non claires. Parmi les sous groupes histologiques du CCR à cellules non claires, le pembrolizumab semble démontrer une plus grande efficacité chez des patients atteints du CCR papillaire.
Le carcinome des tubes collecteurs est l’une des formes les plus agressives de CCR et il compte parmi les moins étudiés et les moins compris. Il existe un besoin non satisfait pour un traitement efficace des patients qui en sont atteints alors qu’on compte très peu d’essais cliniques qui acceptent de les enrôler.
Cette étude unicentrique de phase 2 a étudié le carcinome des tubes collecteurs qui s’est répandu (métastatique) chez des patients qui n’avaient pas reçu de traitement. Elle a examiné les résultats du cabozantinib en ce qui concerne la survie et les effets secondaires. L’étude a aussi tenté d’identifier les mutations génétiques associées à ce sous type de CCR.
L’étude a recruté 25 patients dont 23 ont été traités par cabozantinib. La plupart des patients étaient de sexe masculin et leur âge moyen était de 66 ans. Les sites de propagation du cancer les plus courants étaient les ganglions lymphatiques, les poumons et le foie. Le suivi des patients a duré 8 mois en moyenne.
Trente-cinq pour cent (35 %) des patients ont répondu au traitement et leur cancer a diminué. Un patient a bénéficié d’une réponse complète, et sept ont eu une réponse partielle. La durée moyenne entre le début du traitement et le moment où le cabozantinib a cessé d’être efficace et que le cancer a recommencé à progresser (survie sans progression) a été de 6 mois.
Tous les patients ont rapporté au moins un effet secondaire léger ou modéré et les plus courants ont été la fatigue, une activité réduite de la glande thyroïde (hypothyroïdie), des douleurs buccales, une diminution de l’appétit, un syndrome palmoplantaire, de la haute tension ou de la diarrhée. Cinq patients ont fait état d’effets secondaires sérieux (deux cas de caillots sanguins, deux cas de haute tension et un cas de fatigue sévère); il n’y a pas eu d’effet secondaire dangereux pour la vie ni de décès liés au traitement. La dose de cabozantinib a dû être réduite chez 17 % des patients.
Le séquençage de l’ADN n’a pas établi de corrélation entre le nombre de mutations tumorales et la réponse au cabozantinib. Toutefois, les patients qui ont le mieux répondu au traitement et bénéficié de plus de 6 mois de survie sans progression présentaient un grand nombre de mutations affectant la désintégration de certaines protéines dans les cellules tumorales (désubiquitination), la communication intercellulaire et un facteur de croissance à l’intérieur des cellules cancéreuses. Ces découvertes pourraient expliquer le mode de croissance de ce type de tumeur et ouvrir la voie à une nouvelle classe de traitements anticancéreux.
L’étude conclut à une efficacité modérée et à une tolérabilité acceptable du cabozantinib chez des patients atteints d’un carcinome des tubes collecteurs.
Belzutifan (MK 6482) plus cabozantinib pour le CCR à cellules claires avancé
Les cancers du rein présentent souvent des mutations du gène von Hippel Lindau (VHL) qui provoquent une élévation des taux d’une protéine appelée facteur induit par l’hypoxie, ou HIF 2α. Il en résulte plusieurs changements qui favorisent la croissance tumorale dans les cellules cancéreuses et leur environnement. Le belzutifan (MK 6482), un nouvel inhibiteur du facteur induit par l’hypoxie 2α (HIF 2α) bloque l’action de la protéine appelée HIF 2α.
Cette présentation faisait la mise à jour des résultats d’une petite étude de phase 2 toujours en cours qui évalue l’innocuité et l’efficacité du belzutifan en combinaison avec le cabozantinib chez des patients atteints d’un CCR à cellules claires ayant déjà reçu un traitement d’immunothérapie (cohorte 2) ou qui n’avaient reçu aucun traitement antérieur (cohorte 1).
Globalement, la cohorte 2 réunissait 52 patients et les données utilisées dans cette analyse intérimaire ont été récoltées en moyenne après neuf mois. Un peu plus de la moitié des patients (54 %) avaient reçu un médicament d’immunothérapie tandis que 46 % d’entre eux en avaient reçu deux. La réduction de la taille du cancer (taux de réponse globale) a été de 22 %, y compris neuf réponses partielles. La maladie a été contrôlée chez 90 % des patients qui ont présenté une réponse complète, une réponse partielle ou une stabilisation de la maladie. La durée de la survie sans progression a été de 16,8 mois et 81 % des patients ont survécu un minimum d’un an.
La presque totalité des patients (98 %) a souffert d’un effet secondaire, bien que la plupart aient été légers ou modérés. Les effets secondaires plus graves les plus courants ont été la haute tension (hypertension), la diminution du taux de fer dans le sang (anémie) et une sensation de fatigue (fatigue). L’étude n’a pas relevé d’effets secondaires potentiellement mortels et aucun décès lié au traitement ne s’y est produit. Seulement six patients (12 %) ont arrêté le traitement à cause des effets secondaires du belzutifan et 8 patients (15%) ont arrêté le traitement à cause d’effets secondaires liés au cabozantinib.
En conclusion, le belzutifan a démontré une activité anticancéreuse prometteuse lorsqu’il est administré avec le cabozantinib à des patients atteints d’un CCR métastatique à cellules claires qui ont déjà reçu un traitement. On aura besoin de données plus complètes afin de disposer de connaissances plus approfondies sur l’efficacité du belzutifan et de déterminer quel rôle il pourra jouer dans le continuum de traitements du CCR.
L’immunothérapie en comparaison avec le sunitinib en tant que traitement de première intention du CCR avancé à risque favorable
Tandis qu’environ 80 % à 90 % des personnes atteintes d’un CCR de stade précoce (stades un ou deux) ont une durée de survie d’au moins cinq ans, seulement 12 % des personnes atteintes d’un CCR qui s’est propagé (maladie métastatique) ont une durée de survie de cinq ans ou plus. Le traitement du CCR avancé est complexe. Des études antérieures ont démontré que les traitements d’immunothérapie amélioraient les résultats de survie chez ces patients.
Cette présentation collige les résultats de l’analyse de tous les patients ayant participé à une série d’essais cliniques différents (méta analyse). Elle dresse une comparaison entre les résultats des traitements d’immunothérapie et ceux des traitements au sunitinib en tant que traitement de première intention des patients atteints d’un CCR avancé à risque favorable.
Un total de six essais cliniques comparatifs randomisés regroupant 5 021 patients ont été étudiés. Ces essais concernaient plusieurs traitements de combinaison d’immunothérapie différents. Les six essais concluaient à un avantage de l’immunothérapie sur le sunitinib en ce qui concernait la survie dans tous les groupes de risques combinés (maladie à risque favorable, intermédiaire ou élevé). Cependant, chez les patients atteints d’une maladie à risque favorable, on n’a pas relevé de différences entre l’immunothérapie et le sunitinib en ce qui concerne la survie. Les effets secondaires ont été les mêmes que ceux précédemment liés à ces médicaments.
L’immunothérapie, en tant que traitement de première intention, améliore la survie globale et la survie sans progression chez des patients atteints d’un CCR avancé. Cette amélioration de la survie en faveur de l’immunothérapie, n’a toutefois pas pu être confirmée chez les patients atteints d’un CCR avancé à risque favorable. Des études de plus grande envergure et d’une durée plus longue sur ce groupe de patients sont nécessaires.
Le traitement post chirurgical du CCR à composantes sarcomatoïdes ou rhabdoïdes par des inhibiteurs du point de contrôle immunitaire
La néphrectomie cytoréductive est l’ablation chirurgicale de la tumeur rénale dans le but de réduire la quantité de cellules cancéreuses (charge tumorale), de diminuer les symptômes et l’immunosuppression causés par la tumeur et de prévenir les complications. Des études récentes ont remis en question le rôle de la néphrectomie cytoréductive chez des patients atteints d’un CCR qui s’est propagé (CCR métastatique).
Le CCR à cellules claires à composantes sarcomatoïdes ou rhabdoïdes est un type de cancer du rein agressif qui répond bien à un traitement d’immunothérapie (inhibiteurs de point de contrôle immunitaire). Toutefois, le rôle de la néphrectomie cytoréductive dans ces types de CCR n’a pas été étudié auparavant. Cette présentation sur affiche a examiné les résultats de survie des patients atteints d’un CCR à composantes sarcomatoïdes ou rhabdoïdes d’abord traités par chirurgie cytoréductive puis par des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire.
Les dossiers de patients atteints d’un CCR à composantes sarcomatoïdes ou rhabdoïdes d’un grand centre de cancérologie en Amérique ont été passés en revue. Quatre vingt onze (91) de ces patients ont été traités par un inhibiteur de point de contrôle immunitaire. Le cancer s’était propagé sur plus d’un site tumoral chez la plupart des patients (79%) et près de 60 % d’entre eux présentaient une maladie à risque intermédiaire. Les trois quarts des patients avaient reçu un traitement de première intention par un inhibiteur de point de contrôle immunitaire, principalement la combinaison nivolumab+ipilimumab, ou un inhibiteur du point de contrôle PD 1 en monothérapie. Les patients traités par un inhibiteur de point de contrôle immunitaire qui avaient subi une néphrectomie au préalable ou différée avaient bénéficié d’une durée de survie plus longue que ceux qui avaient reçu le même traitement sans avoir eu de néphrectomie (29 mois comparativement à 14 mois, respectivement).
Cette étude donne à penser que la néphrectomie cytoréductive pourrait favoriser la survie des patients atteints d’un CCR présentant des composantes sarcomatoïdes ou rhabdoïdes qui suivent un traitement aux inhibiteurs de point de contrôle immunitaire et que cette chirurgie peut être envisagée pour certains patients spécifiques. Étant donné le caractère rétrospectif de cette étude, ses résultats doivent être interprétés avec prudence.
REMERCIEMENTS
Éditeurs:
Professeur James Larkin (R.-U.)
Dr Andreas Schmitt (R.-U.)
Réviseurs médicaux:
Dre Rachel Giles (P.-B.)
Dr Michael Jewett (CA)
Dr Eric Jonasch (É.-U.)
Rédactrice médicale:
Dre Sharon Deveson Kell (R.-U.)