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Steve Parton

Les passages suivants sont tirés du nouveau livre de Steve Parton « Cancer Trip 2: Alive and kicking.» Voir http://www.partonbooks.com/cancertrip2.htm

Selon moi, il y a plusieurs facteurs à considérer quand on veut se débarrasser du cancer. Premièrement, avoir confiance en son médecin. Il y a aussi les petites choses que je fais pour aider à tout cela. J’éloigne le cancer de moi. Je parle à mes pilules avant de les prendre. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une conversation à deux sens ; elles ne me répondent pas. Mais, avant de prendre mes pilules de chimiothérapie ou d’huile de cannabis, je leur rappelle du travail qu’elles doivent accomplir. Au fil des ans, j’ai aussi recherché plusieurs traitements alternatifs. Il est important de souligner que la médecine conventionnelle moderne était considérée comme alternative à un moment donné dans le passé.
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L’une des choses les plus difficiles à accepter sur le cancer est que je ne suis plus l’homme que j’étais. Je ne dis pas que j’étais grand et fort, cherchant à déchirer des bottins téléphoniques en deux, mais j’étais en forme et je n’avais peur de rien. Aujourd’hui, je pèse 80 livres de moins depuis le cancer. J’utilise une marchette et un bon coup de vent, peut me faire tomber. J’ai de la difficulté à accepter cet état et j’essaie de me pousser. En voyant ça, ma femme Isabel m’offre son aide et veut faire les choses à ma place. Parfois, je me sens émasculé quand elle m’offre de porter quelque chose de très lourd, tel un verre de lait. Honnêtement, la raison pour laquelle elle préfère porter mes boissons est parce que je les renverse souvent en cours de route. Mais, cela me fait sentir toujours inutile.
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J’attendais mon traitement d’immunothérapie au Juravinski Cancer Centre dans la salle de chimiothérapie quand quelqu’un a sonné la cloche. Les applaudissements ont jailli dans la salle, accompagnés de cris. C’est à moi que revient la tâche d’applaudir et de crier plus fort que tous. La cloche est sur une plaque à l’entrée. Elle est sonnée par la personne qui reçoit son dernier traitement pour le cancer. J’ai hâte que ce soit mon tour de sonner la cloche. Un jour.

Entre temps, je concentre mon énergie à embellir la journée du monde autour de moi, les personnes qui sont aussi là pour recevoir ou pour administrer un traitement. Habituellement, je parle à la personne assise à côté de moi. Quelques fois, je réussis à avoir un court entretien avec la belle rousse qui vide les poubelles dans la salle. Elle m’adresse la parole en disant « les gars », même si je suis seul. J’adore ça.

La première fois que j’y étais pour mon traitement, j’ai demandé à l’infirmière combien de temps cela prendrait. Elle m’a répondu à peu près une heure et demie. J’étais surpris. Bien que je n’aie pas vécu une telle expérience, que je n’aie aucune base de comparaison, je pensais que la durée du traitement était autour de 20 minutes. Bien entendu, je ne me suis pas plaint – ni à l’infirmière ni au plafond. Une expression subtile d’exaspération a dû traverser mon visage. Je me suis tournée vers la chaise à ma droite et la personne qui recevait son traitement était un jeune homme dans la vingtaine. Il dormait et sa mère était assise à ses côtés. Elle m’a regardé et m’a dit tout gentiment, « Mon fils est ici deux fois par semaine et son traitement dure 4 heures. » J’étais bouche bée et j’ai immédiatement changé mon attitude.
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Mon camarade de chambre à l’unité d’oncologie était un homme dans la soixantaine nommé Bert. Il vivait difficilement les événements. Je ne lui ai pas demandé de quoi il souffrait, mais il était très grognon avec tout le personnel soignant. Éventuellement, il s’est aperçu que le personnel semblait mieux me traiter.

« Eh toi ! » il commence. « Que diable est mon problème ? Les infirmières semblent te préférer. » Je lui ai expliqué que j’exprimais ma gratitude à chaque personne qui entrait dans la pièce. Je faisais des efforts pour rendre les choses agréables pour toute infirmière, étudiant en médecine, aide-soignant incluant les personnes qui apportaient les repas et ceux qui vidaient les poubelles. Ça ne prenait que quelques instants pour engager la conversation, de leur demander comment se passait leur journée, etc. Très vite, je connaissais leurs noms. Dans certains cas, j’ai appris au sujet de leurs époux, leurs blondes et chums, leurs enfants, la musique qu’ils préféraient et ainsi de suite.

Pour bien faire, Bert a décidé de me prendre en exemple. Il était très amusant. Je l’ai entendu signaler le poste des infirmières et demander un verre d’eau.

« S’il vous plaît » je lui ai dit.

« Quoi? » il demanda.

« Tu as oublié de dire s’il vous plaît. Appelle à nouveau. » Ce qu’il a fait. J’ai continué, « Quand elle arrivera avec ton verre d’eau, demande comment se passe sa journée ou dis-lui qu’elle est belle dans sa tenue. »

Bert semblait étonné. « Mais, je m’en fiche si elle passe une bonne journée. Elle a un travail à faire. »

« Essaye quand même et l’on verra ce qui se passera. »

L’infirmière est arrivée avec son verre d’eau. Il l’a pris et a dit « T’es hot dans ces pantalons. » Sans réponse ni aucune réaction, l’infirmière a quitté la pièce. Bert m’a souri. « Quand est-ce que le traitement aux petits oignions va commencer ? »
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J’étais étourdi grâce aux opioïdes. Pour une raison quelconque, je me suis imaginé que c’était ma dernière journée sur terre. Isabel m’aidait à aller au lit quand je lui ai dit tout simplement, je vais mourir.

Elle répondit affectueusement, « Non tu ne mourras pas. Allons mettre ton pyjama. »

Mais, toute la soirée j’insistais que c’était la fin pour moi. J’étais étonnamment calme à propos de cette perspective. Isabel n’était pas si sure et a continué pour un certain temps à me sourire. « Il est temps d’aller dormir. Je te verrai demain matin. »

« J’espère. »

Il s’est avéré qu’elle avait raison.

© 2019 Steve Parton

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